A toi ,
De ces histoires que l'on construit au fil du temps,
Démodées, détruites, désentrelacées, déficelées,
De celles que l'on regarde de loin avec un brin de nostalgie,
Lointaines, oubliées, échapées, disparues,
D'une ville qui garde en elle le souvenir d'un nous,
Tendre, amusant, agréable, complice,
D'une fuite que l'on a imaginé pour mieux se comprendre
Discrète, mystérieuse, muette, fascinante.
Si l'un doit disparaître pour laisser vivre l'autre,
Si le droit de regard ne s'applique plus dans la simplicité,
Si chaque jour doit être un fléau de plus vers la complicité,
Si plus jamais on ne doit sourire sans le pincement violent d'un coeur disparu,
Si mes yeux ne doivent plus jamais voir le monde avec neutralité,
Si tu dois te taire pour que je puisse mieux apprendre à être en vie,
si ce qui a été doit disparaître pour que le reste soit,
Mieux vaut peut être ne plus jamais être dans la lucidité.
Du temps que j'ai passé à t'attendre, je n'en garde que peu,
Il y avait cette falaise qui essuyais mes larmes chaque jour,
Il y avait ces chansons qui appaisaient mon coeur un peu plus,
Il y avait ces photos qui au contraire compressaient tout mon être,
Et puis il y a eu le reste, ce souvenir, ce moment, cette prise de conscience.
J'ai été sans toi sur les lieux de notre histoire,
J'ai arpenté sans toi les rues qui nous ont abrité
Celles qui ont caché notre secret, et fais vivre nos corps,
C'est lorsque la nuit a disparu que tout a pris fin,
Je suis restée seule dans la beauté d'un souvenir,
Celui que l'on a construit a deux, et que tu me laisses aujourd'hui détruire.
Je n'écris pas ces lignes pour y dire quelque chose de poétique,
Je ne les mets pas à l'écrit pour que l'on puisse comprendre,
Il y a des rancunes trop profondes pour les sortir un jour,
Ce sera là, aujourd'hui, demain et après demain,
Tu as choisi la voix du silence, je choisis celle du bruit,
Celle qui fait mal, celle que l'on entend, celle que l'on voit,
Il y a en moi une haine contre toi que je combats à chaque instant,
Quelque chose d'invisible que je refuse à admettre,
Parce que t'aimer à été plus beau que tout autre chose.
Si maintenant je t'en veux de me laisser seule, de faire silence,
Si loin de tout tu préfères mener ta barque vers la prospérité,
Saches qu'à jamais ces mots resteront en attente au fond de moi.
Je tenterais de ne pas te haïr, pas plus que de t'attendre,
Et peut être bien qu'un jour prochain, tu reviendras vers moi,
Et que ce jour là, ces mots pourront sortir dans leur innocence.